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« on ne sait de loin pas toujours quel est le besoin profond exprimé par l'enfant concerné. S'il est vrai qu'un bon nombre de gestes et manifestations sexuels sont repérables, bon nombre aussi de ces comportements ne sont peut-être que des actes-miroirs de ce que l'on imagine pour lui » (cf. Catherine AGTHE DISERENS, « Faut-il leur en parler ? Enjeux d'une éducation sexuelle spécialisée » in Psychoscope , vol. 25, 4/2004)

« Ce que l'on dit de la sexualité des personnes handicapées mentales nous dit plus de celui qui en parle que de la personne handicapée ! » (cf. A. GIAMI in Catherine AGTHE DISERENS, Insieme - Journée d'étude de Bienne « Un pas vers l'indépendance », p. 6 (22.10.1994) in Dossier 1 « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)

« Le concept du tiers nous emmène immanquablement à celui des résonances individuelles. La sexualité de l'autre, ou des autres, réveille toujours d'une manière ou d'une autre un souvenir, une comparaison, une réaction, une envie, un rejet : ce n'est jamais neutre. [...] Entre Eros et la violence, il est des touchers entre les humains (voire entre nos cousins les primates) dont la plupart d'entre nous sont affamés » (cf. Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, « Affectivité, Sexualité, Intimité et Handicap(s) » in Pédagogie spécialisée , p. 21 + 22, 1/2000)

« Je ne veux plus ignorer que la sensualité est une nourriture aussi essentielle à donner qu’à recevoir, voilà le point de départ. J’ai vécu ma dernière expérience significative dans ce domaine au moment de la séparation d’avec le père de mes enfants. Cette rupture est survenue si brutalement, après de longues années de vie commune, que l’absence de toucher, le manque de sensualité furent à la source d’une grande part de ma souffrance. En prendre conscience m’a amenée à m’adresser à un thérapeute pratiquant le massage sensuel. A cette époque, j’ai été sauvée du « désert » par ces massages qui m’ont « nourrie ». […] Lorsque l’association SEHP a annoncé qu’elle créait un groupe de formation, j’ai réalisé que c’était un cadre dans lequel je pourrais donner à mon tour » (cf. Léa - pseudonyme - [étudiante en formation d’assistance sexuelle] in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 59, septembre 2008)
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« Si je voulais être honnête avec moi-même, je devais reconnaître que face aux manifestations sexualisées de certaines femmes handicapées, il m'était arrivé de ressentir du désir, désir que j'avais toujours considéré comme répréhensible, à cause du regard social. En somme, je crois que le principal tournant pour moi a été celui-là : sentir qu'une demande claire de présence sensuelle et érotique émanant de la part d'une personne handicapée ne me laissait pas indifférent, quelle que soit l'apparence de cette personne en termes de conformité aux canons de beauté et de normalité. [...] Que je puisse y trouver une part de plaisir, quelle transgression de la morale habituelle ! Et pourtant, je crois maintenant que c'est la position la plus juste pour une personne en demande d'accompagnement érotique, car je lui dis qu'un plaisir partagé sera au rendez-vous » (cf. Gilles - pseudonyme - [étudiant en formation d'assistance sexuelle] in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 60, septembre 2008)
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Né le 19.04.1956, Mr GDC a suivi la formation en assistance érotique/sexuelle de juin 2008 à juin 2009 : « Je suis moimême ampute tibial, j’ai eu a souffrir du départ de mon amie durant mon hospitalisation, j’ai du me reconstruire un image, seduisante, virile, mâle, a une femme m’aillant refuser pour cause de handycap (tout de même léger)je lui ai présiser que je cherchait une femme qui s’intéresse a moi pour ce que j’ai dans le cœur, la tête et non dans la…chaussure. Si aujourd’hui j’ai résolut ce souci d’image, c’est bien grâce aux quelques femmes qui ont fait fit de ma guibole et qui m’ont fait découvrire que ma virilité se situait bien audela de ma guibole et du départ de mon ex. Elles ont eu un rôle social.si a mon tours je peux montrer a une personne quelqu’elle soit, qu’elle peut avoir du plaisir et pourquoi pas qu’elle peut faire bander un mec, et bien ce sera bingo ! »

« la phase primordiale, celle où s’enracine vraiment toujours et encore ma motivation actuelle, en toute conscience de sa dimension réparatrice, est encore plus ancienne. Elle réside dans mon enfance et ma jeunesse passées dans l’ambiance ouatée mais lourde d’une famille paralysée en silence autour d’une fille handicapée mentale et psychique : ma sœur Mireille née en 1937, de quatre ans mon aînée. Ambiance familiale faite de : • la souffrance individuelle de nous tous, sans communication, • la cascade des vaines tentatives thérapeutiques et éducatives de l’époque, soit de vouloir « tirer » ma sœur vers la norme, sans aucun moyen approprié, • l’impuissance de mes parents et la mienne, • l’absence de soutien et la solitude de toute la famille…. « La noirceur de l’horizon statique de l’avenir » : c’est ainsi que je visualisais la suite du temps à vivre pour nous, pour elle et pour moi, et plus ou moins consciemment encore pour ma propre descendance. Je me suis débattue dans cette jungle de lianes inhibantes et de peurs indéfinissables. Il me fallait réagir, avancer, motiver les gens alentour à aider les autres, devenir une porte-parole convaincante là où il y a une chape de silence, m’extraire de l’inertie pour vivre et faire ma part : soigner et prévenir au maximum de mes forces ! Voilà l’humus qui m’a constituée, grâce à l’existence de ma sœur, décédée depuis plus de 30 ans, et grâce à laquelle je suis devenue finalement une sexo-pédagogue spécialisée. Ce témoignage personnel tout récent illustre cet enchaînement de cause à effet » (cf. Françoise VATRE, p. 21 + 22)

« J’ai donc tenu à prendre personnellement position en faveur de l’accompagnement affectif et sexuel des personnes en situation de handicap car je connais trop bien la souffrance induite par une frustration affective et sexuelle, l’ayant éprouvé en son temps, pour ne pas fixer un calendrier d’action clair. […] je n’avais jamais oublié les frustrations et la détresse que m’a fait vivre une abstinence sexuelle, contrainte par les circonstances, jusqu’à l’âge de 23 ans » (cf. Marcel NUSS in « Handicaps et sexualités - Le livre blanc », Avertissement + p. 3, en 2008)

« A la suite d’une tumeur, d’un accident ou d’une maladie, tout peut basculer pour chacun d’entre nous. […] On en viendrait même à vouloir payer quelqu’un pour être pris tendrement dans les bras, recevoir de l’affection, poser sa tête au creux d’une épaule accueillante et se laisser aller à sangloter, tant on a besoin de ce tendre contact pour affronter le quotidien et l’avenir. C’est le rêve qui me tourmentait pendant ces longs mois alitée à plat dos dans une chambre d’hôpital, sans avoir aucune notion de l’existence des aidants, assistants, accompagnants, qu’ils soient sexuels, érotiques, sensuels ou autres… Le manque d’amour et de tendresse a été terrible. Comment allais-je affronter mon avenir de personne dépendante ? Rencontrerai-je un compagnon dans cet état ? Ecrasée de solitude dans ce monde impersonnel, il ne s’est trouvé personne pour me serrer très fort contre son cœur et me dire des mots tendres… Même en échange d’un peu d’argent. L’accompagnement sensuel, échange d’affection, de sensualité, de caresses érotiques et sexuelles contre de l’argent est, bien sûr, une forme de prostitution, mais c’est une forme tendre, un don de soi pour réveiller des corps niés, oubliés, douloureux ou médicalisés » (cf. Bernadette SOULIER [médecin-sexologue spécialisée dans le handicap et en situation de handicap] in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 112, septembre 2008)

« Nous sommes immanquablement emportés vers nos résonances individuelles, et la question de la vie affective et sexuelle dans le large champ des handicaps, nous oblige de participer à un processus d’ouverture, d’introspection et de recherche. […] Dans ce domaine aussi personnel, intime, pudique et encore si peu verbalisé tant par les intéressés eux-mêmes que par leur entourage, il s’agit de courir quelques risques : celui de rompre le silence pour informer, celui d’anticiper une demande qui ne peut être formulée selon nos codes d’expression, celui de permettre la participation personnelle de la personne concernée, et souvent celui de devoir aider directement pour qu’un peu de mieux-être se vive. […] L’éducation sexuelle spécialisée sera majoritairement centrée sur la facilitation à mettre en mots et en actes adéquats l’énergie vitale qui traverse l’enfant, l’adolescent, l’adulte concernés, afin d’établir des relations humaines plus respectueuses du territoire sexuel, affectif et social de chacun » (cf. Catherine AGTHE DISERENS, p. 9 + 10 + 13)

« Je ne nie pas que nous avons aussi faire à face au problème du consentement mutuel. Si nous devons toujours tenter de vérifier que l’autre, les autres, sont en accord avec les actes posés, reconnaissons que dans un certain nombre de situations nous ne pourrons pas vérifier : les personnes concernées n’ont pas de code, n’expriment pas de signe qui nous permettraient de vérifier leurs besoins profonds. Mais acceptons, avant d’intervenir et de séparer, qu’il peut aussi y avoir des bénéfices secondaires à partager quelques sensualités, tendresses ou gestes amicaux avec une personne qui n’a pas forcément pu donner son plein consentement. Je l’ai remarqué plus d’une fois » (cf. Catherine AGTHE DISERENS in « Vie affective, sexualité et intimité des personnes en situation de fragilité », CREAHI, p. 74, 27.11.2007)

« Ne pourrions-nous pas imaginer avoir un regard plus tolérant sur ces gestes certes impudiques, mais qui ne relèvent pas de l’excitation et du désir ? Gestes stéréotypés, automatiques, occupationnels… […] Lorsqu’il s’agit de masturbation-plaisir, il est clair qu’elle se vit dans sa chambre ou dans les toilettes ! Mais lorsqu’on touche simplement son sexe par-dessus le pantalon (ou parfois dans le pantalon) en errant dans le parc de l’institution, en attendant que le repas arrive, entre deux activités qui se mettent en place, ces gestes ne sont pas une expression d’érotisme. Apprenons à les lire à leur juste mesure » (cf. Catherine AGTHE DISERENS in « Vie affective, sexualité et intimité des personnes en situation de fragilité », CREAHI, p. 76, 27.11.2007)

« Catherine Agthe Diserens sait qu’elle doit compter avec le poids des mots… Dans les enjeux liés à la formation en assistance sexuelle pour les personnes en situation de handicap, elle sait qu’elle doit à la fois nommer clairement les besoins et les réponses, tout en ne provoquant pas des fantasmes déraisonnés ! Elle évoque même certains paradoxes… comme celui de conceptualiser une profession qu’elle ne pourrait pas elle-même exercer ! » (cf. Olivier SALAMIN, Pages Romandes n° 1 « Accompagnement érotique ou assistance sexuelle ? Du fantasme à la nomination », février 2008)

« que penser du fait qu’en dépit de la formation reçue, une fois la porte de la chambre refermée sur le bénéficiaire et l’accompagnant… ce dernier sera seul face à sa responsabilité ? […] que penser du fait que nous avons conceptualisé une formation pour laquelle nous-mêmes ne nous formerons jamais ? » (cf. Catherine AGTHE DISERENS in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 52, septembre 2008)

« L’aide sexuelle implique un engagement relationnel profondément humain et souvent intense qui fait référence au principe de réalité, mais également aux manifestations inconscientes, aux affects, à l’imaginaire, aux pulsions et aux fantasmes. Cette profession est un métier à risque où chacun est exposé aux insuffisances probables et évidentes ou aux excès possibles, et aux risques inhérents aux « liaisons dangereuses. » » (cf. Y. BOULET in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 51, septembre 2008)

« connaître les variantes des expressions de la sexualité, les orientations, les pratiques, les fantasmes et savoir les transposer dans le contexte des handicaps. […] Reconnaître la personne vivant avec un handicap dans ses désirs les plus intimes suppose de reconnaître l’autre comme un sujet qui nous interpelle dans nos propres désirs. […] Par ailleurs, ne pas rester isolé est capital, parce que ce travail implique un investissement affectif réciproque propice aux projections fantasmatiques. Dès lors, le risque d’être investi comme objet de projection nécessite des prises de conscience approfondies : la supervision s’impose donc de fait ! De plus, la supervision augmente les compétences humaines et professionnelles par une meilleure maîtrise de son désir égocentrique et la résistance à un contre-transfert possible » (cf. Catherine AGTHE DISERENS in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 50 + 51, septembre 2008)

« L’assistance sexuelle est née historiquement à partir des demandes précises de personnes vivant avec un handicap physique […]. L’expérience montre que l’offre de l’accompagnement érotique, voire de l’assistance sexuelle plus aboutie, correspond aux besoins de nombreuses personnes déficientes mentales. […] Toutes ces personnes, quelles que soient leurs incapacités, ont besoin d’aide, d’une manière ou d’une autre, à un moment ou à un autre, à un certain moment et plus à un autre ! […] Dans le handicap mental […] L’émergence des besoins apparaît encore plus complexe, les codes de communication pour exprimer la nature des désirs étant chaotiques, voire presque absents. […] Il n’y a pas de demande consciente plus noble qu’une autre, ni de handicap plus privilégié qu’un autre. […] En fin d’analyse, une réponse est nécessaire pour tous les handicaps. La nature du handicap, sauf rare exception, ne constitue pas un obstacle en soi au désir de recevoir des caresses, des massages, des pressions de corps à corps, des regards sur le corps nu, le sien et celui de l’autre, ou encore des mains expertes et créatives pour accéder à l’orgasme. […] C’est le corps qui parle, indépendamment du handicap. Il ressent, il reconnaît, il n’a pas besoin du mental pour cela » (cf. Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, « Accompagnement érotique et handicaps », Editions Chronique Sociale, p. 43 + 45 + 47, novembre 2006)

« Il faut oser le risque du plaisir, du désir, (sans l'imposer aveuglément toutefois, ni projeter nos propres besoins...) et ne pas craindre son corollaire, soit la souffrance, pour eux, car ressentir c'est rester en vie, c'est mûrir, et les protéger de tout c'est les contraindre à la solitude » (cf. Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, « Du plaisir de la relation à la relation au plaisir » (23 et 24.10.1997) in Dossier 1 « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)

« Si la personne vivant avec l’autisme ne peut regarder dans les yeux, si celle vivant avec un polyhandicap bave, si celle née avec une infirmité motrice cérébrale s’exprime avec des gestes chaotiques et ne parle pas, l’assistant sexuel à l’écoute de son propre ressenti attendra, sans rien induire, la demande propre du bénéficiaire. Il saisira un signe, glanera tel ou tel indice pour guider les comportements de l’un et de l’autre. Pour cela, l’assistant sexuel qui se forme va développer la capacité à percevoir et à comprendre ce qui se passe en lui, à se mettre en phase avec ses propres sensations, pensées, limites, réserves, peurs, courages et joies, condition sine qua non pour écouter, sentir, accueillir, comprendre (au sens plein du mot : prendre avec) les besoins, attentes, peurs, désirs, paniques et espoirs de l’autre, en situation d’approche de sa condition d’être humain total » (cf. Catherine AGTHE DISERENS in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 47 + 48, septembre 2008)

« La violence domestique adressée aux enfants peut être sournoise, inconsciente, silencieuse ou au contraire éclater vivement au moindre prétexte. C’est pourquoi cet article procède par flash de pièce en pièce d’un grand appartement, ou d’une maison, et fait imaginer comment la violence peut être suscitée en fonction de la spécificité du lieu. […] Quand on rentre le soir sur l’autoroute, dans les villages, ou dans les quartiers de la ville et que l’on voit toutes ces fenêtres allumées, masquées ou non de rideaux colorés ou en dentelle, on peut imaginer parfois les scènes qui se déroulent derrière ce décor. Derrière ces nombreuses fenêtres, toutes les ambiances sont possibles. Naturellement on aurait tendance à les idéaliser et à projeter nos désirs d’harmonie et de bonheur (davantage encore que chez soi ?). Mais par ailleurs nous savons que les violences domestiques existent bel et bien, et alors, logiquement, elles doivent bien se loger ici ou là » (cf. Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, « Voyage dans la maison ou l’itinéraire du pouvoir intrafamilial » (février 1996) in Dossier 4 « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)

« mettre en place un programme d'éducation sexuelle spécialisé pour les personnes handicapées, tous handicaps confondus à la base. […] La transformation de notre regard contribuera à réfléchir au sens de ce que l’on dit ou fait, en le reconnaissant et en le faisant comprendre. Le décalage se situe au niveau de nos représentations et de la réalité vécue par la personne handicapée. Selon la lecture qu’en fait le témoin, il y a loin des intentions réelles à l’interprétation qui en est faite, il peut y avoir décalage entre l’émetteur et le récepteur ! […] Bien évidemment cette étape de l’appréciation du décalage est la plus délicate, puisqu’on ne sait presque jamais quel est le besoin profond exprimé par l’adolescent autiste. Un risque d’erreur, d’imprévu, reste fortement possible. Nous savons que pour les moindres apprentissages de la vie courante, tout réside dans l’art de la répétition stéréotypée. Devoir, par exemple, en arriver à apprendre à cet adolescent à se masturber représente un accroissement de la nuisance d’être tiers. De ce fait, il s’agira de transgresser beaucoup, souvent, et longtemps pour ne pas le laisser dans le désarroi et la panique de la non-compréhension de ce qui se passe en lui. Ou encore prendre en compte ce qui se passerait pour lui s’il était laissé dans l’état de tension insupportable et épuisant que peut être le non-aboutissement. (le Dr HELLEMANS préconise à ce sujet, contrat limité dans le temps à l’appui, d’enseigner la masturbation verbalement, concrètement sur un objet, voire par aide manuelle directe). […] Pour établir un parallèle avec les étapes de la formation des professionnels, de quelle manière, en présence de l’autisme, pouvons-nous parler de prise de conscience, de transformation du regard, de réduction du décalage, d’augmentation des habiletés et enfin de nouvelles prises de décision ? Sans doute ces phases ont-elles lieu dans l’intimité des âmes, et les instruments pour les mesurer font défaut » (cf. Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, « Du corps au cœur » in « Les jeunes handicapés autistes - Vie affective et sexuelle », Editions L’Harmattan, p. 208 + 209 + 213, en 2005)

« La sexualité a des liens avec le pouvoir et présente des similitudes psychologiques avec lui : la sexualité comme le pouvoir sont sources de plaisir, de changement et de mobilisation d’énergie. Le processus d’éducation affective et sexuelle, est lui-même un processus de prise de pouvoir et de séduction par la communication. C’est pour cela qu’il s’agit de clarifier les liens d’autorités institutionnalisées que mettent en œuvre les intervenants dans leurs relations aux groupes formés : nous les informons, nous les formons, nous les transformons, nous les séduisons, etc. et ensuite nous laissons retourner à leur quotidien, nus et vulnérables, d’où des suivis pour les soutenir à distance. Notre relation avec les groupes en formation peut elle-même présenter des similitudes avec la relation amoureuse. Le Dr Charles BUGNON affirme que nous accouchons des âmes et que nous « faisons symboliquement l’amour avec la classe » dans le travail d’éducation affective et sexuelle dans les écoles ordinaires. L’auteur exprime par là sa conception de l’engagement total de l’animateur en face à un groupe d’élèves. Il insiste pour dire qu’il est là avec sa propre sexualité, sans prétendre pour autant que la sexualité de l’animateur doit être révélée à la classe. Cependant dans le dialogue verbal et non verbal de l’animateur et des élèves, des processus de séduction réciproques sont en jeux. Il est difficile de distinguer, dans le travail de formation d’adultes, ce qui est de l’ordre de l’intime et du non intime, entre formateurs et formés. Là aussi, la responsabilité de l’intervenant est engagée : il demande à l’autre de faire confiance, de se laisser interpeller, d'accepter d’être transformé, voire manipulé. C’est à lui, l’intervenant, de gérer cette relation et d’entrer dans une forme de relation amoureuse où il évite le contre-transfert, c’est-à-dire où il développe le désir altruiste, en essayant de maîtriser au maximum son désir égocentrique. C’est à cette seule condition que l’éducation affective et sexuelle sert l’intérêt de l’éduqué. Cependant, il faut reconnaître que dans toute relation, fusse-t-elle amoureuse ou pas, l'altruisme épuré d’égocentrisme est impossible. L’intervenant trouve aussi son intérêt existentiel, mais d’un point de vue éthique, c’est le déroulement du processus éducatif et la satisfaction de la compétence à gérer ce déroulement, au service de l’autre, qui devraient primer. Dans ce processus, l’attitude critique devrait toujours être maintenue en éveil, pour recentrer l’objectif de l’intervention et la mettre au service de la personne éduquée. Cette attitude critique est nécessaire puisque la relation éducative, particulièrement dans le domaine qui nous concerne, comporte toujours des risques de dérives par rapport aux objectifs prioritaires. D’où la nécessité d’une formation continue et d’une supervision régulière et méthodologiquement fondée. […] Le dépassement des peurs implique qu’au-delà de la reconnaissance des différences, ce sont aussi nos similitudes avec les personnes handicapées mentales que nous acceptions. Reconnaître qu’elles ont des manques, c’est aussi reconnaître nos propres manques et en cela, notre similitude anthropologique avec elles. Les évolutions, les acquisitions et les développements qui surgissent dans le processus éducatif, les rapprochent, augmentant leurs similitudes avec les intervenants. Cependant, ici encore, il s’agit que l’intervenant ne se positionne pas comme norme à atteindre pour la personne handicapée. Il s’agit de reconnaître, malgré les similitudes, que l’on cherche les individualités dans le vécu de la sexualité » (cf. Michel MERCIER, Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, Revue francophone de la déficience intellectuelle « Eléments pour une éthique de l'intervention en éducation affective et sexuelle auprès des personnes vivant avec un handicap mental », Volume 13, Numéro 1, p. 88 + 89, juin 2002)

« certaines personnes en situation de handicap sévère ne sont capables d’autodétermination que dans de rares domaines et de façon extrêmement limitée. Evaluer leurs besoins et leurs désirs, trouver les moyens adéquats d’y répondre est complexe. Dès lors, dans chaque situation où l’on a recours à un tiers (parents, proches, répondants légaux, professionnels) pour évaluer les besoins d’une personne qui ne peut choisir avec discernement, il conviendra de se soumettre à une exigence continue de vérification afin d’être certain que les dispositions prises lui apportent un mieux-être. En ce qui concerne les besoins sexuels, l’exigence de vérification va au-delà d’une éventuelle offre d’assistance sexuelle. Il convient d’appréhender correctement la nature d’un désir sexuel, d’évaluer le degré d’assistance et de satisfaction attendu, de percevoir les craintes, de trouver la bonne attitude, les mots justes et les gestes agréables pour aider à obtenir satisfaction en évaluant et corrigeant constamment l’assistance dans le sens souhaité. Cela ne s’improvise pas ; ces compétences résultent d’une formation sous-tendue par une déontologie stricte et des procédures pratiques clairement établies » (cf. François PLANCHE, Philippe GRANGET et François LOEW in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 80, septembre 2008)

« Mais qu'en est-il de ceux qui ne trouvent pas de partenaire et/ou dont les besoins sont plus diffus, inconscients et qu'ils ne peuvent exprimer ? C'est ici qu'il faut faire appel à « l'imagination » pour trouver des réponses et leur donner du plaisir. Des réponses individuelles, adaptées à chacun, car « il n'existe que de multiples sexualités vécues individuellement », comme l'exprime Catherine Agthe. Ainsi, certains choisissent de faire faire des massages relaxants à leur enfant, ce qui peut suffir à satisfaire ses besoins. [...] Dans d'autres cas, une personne extérieure à la famille, par exemple un éducateur, peut apprendre au handicapé comment se masturber s'il ne le découvre pas par lui-même. [...] « [...] Oser aller très loin dans la recherche de solutions, aussi pour les handicapés mentaux, permettra de parer aux éventuelles demandes nouvelles qui peuvent surgir un jour », estime-t-elle » (cf. Ellen WEIGAND, « Les handicapés mentaux ont aussi droit à la tendresse et à la sexualité » (24.10.1994) in Dossier 2 « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000).

« « En majorité, nous entendons les demandes d'hommes souhaitant l'assistance de femmes », explique la présidente de la SEHP, la sexopédagogue Catherine Agthe Diserens, « mais des demandes homosexuelles existent bien sûr aussi. On ne sait pas toujours s'il s'agit d'une homosexualité d'identité ou de circonstance, mais l'essentiel réside dans la réponse vers un peu plus de mieux-être. » [...] Lorsqu'une personne dit 'j'aimerais baiser', cela peut souvent vouloir dire 'j'aimerais avoir un ou une amoureuse' ou 'j'aimerais embrasser'. [...] » [...] Benjamin Abt-Schiemann a acquis une expérience reconnue en tant que travailleur du sexe auprès d'une clientèle masculine. « Accompagnant érotique», il l'est devenu « en autodidacte ». En tant que tel, il devrait prochainement rejoindre l'équipe de formateurs mise en place par le SEHP pour les futurs assistants sexuels. [...] Benjamin est sollicité pour assister d'autres hommes vivant avec des handicaps divers, physiques ou mentaux. Comment il perçoit le désir chez les hommes handicapés qu'il rencontre ? « Ils ne sont pas si différents des autres clients. Oui, leur manière de communiquer est parfois ambiguë, parce qu'ils ne savent pas s'ils ont droit à ce plaisir. Mais d'autres fois, ils se donnent plus de joie, ils ont moins de réticences... moins peur de moi. » Et Benjamin d'évoquer certains de ses clients réguliers, qu'il doit apprivoiser pas à pas avant qu'ils ne parviennent à parler ou à toucher. « Souvent, une personne handicapée n'a pas ce problème. L'approche est plus terre-à-terre, en dépit du regard des autres, de la société ou de la religion. Quand il y a délire, il y a délire... et tellement de franchise par rapport à ça. C'est pourquoi, les critères entre une personne valide et une personne handicapée sont flous pour moi. Peut-être que la seule différence est que la personne handicapée ne me contacte pas par elle-même. » [...] Concrètement, les assistant/es figureront sur des listes mises à la disposition des associations de parents et institutions, tandis qu'ils exerceront en tant qu'indépendants. Sur un plan légal, les assistant/es seront enregistré/es dans la même catégorie que les professionnels de la prostitution » (cf. Arnaud GALLAY, « Sexualité et handicaps : Une réponse à la solitude des corps », mai 2007)

« les professionnels doivent être attentifs aux demandes et l’affirmation « je veux coucher avec une fille » peut tout aussi bien signifier : « je voudrais avoir une amoureuse pour lui prendre la main ; je voudrais embrasser une fille sur les joues ou sur la bouche ; je veux faire comme mon frère ; ou bien je veux avoir un rapport sexuel avec une fille ». De plus, ces personnes ont souvent des difficultés à dire si elles veulent ou non être touchées sexuellement. Elles ne savent pas refuser les avances sexuelles, les attouchements, même quand elles ne les souhaitent pas. Elles ne savent pas dire « non » et peuvent accepter des gestes qui ne leur plaisent pas pour un café ou un paquet de bonbons » (cf. Bernadette SOULIER [Médecin-sexologue spécialisée dans le handicap et en situation de handicap] in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 110 + 111, septembre 2008)